Ramzan Kadyrov est officiellement élu président de la Tchétchénie par le Parlement
LE MONDE | 03.03.07 | 15h07 • Mis à jour le 03.03.07 | 15h07
MOSCOU CORRESPONDANCE
amzan Kadyrov a été confirmé à la tête de la République tchétchène après le vote des deux Chambres, vendredi 2 mars. Le fils de l'ex-président Akhmad Kadyrov, tué dans un attentat à la bombe en mai 2004, avait été proposé par le président russe, Vladimir Poutine. Cette élection était attendue. En l'absence de véritable alternative, la dernière condition restait son âge. En octobre 2006, il a atteint ses 30 ans, seuil minimum requis pour pouvoir être président.
Ramzan Kadyrov assurait l'intérim depuis le départ du président Alou Alkhanov, le 15 février. Mais, appuyé par sa propre milice, les "kadyrovtsy", créée alors qu'il dirigeait le service de sécurité officiel sous le mandat de son père, il était déjà de facto l'homme fort de la République.
"Notre tâche est désormais de reconstruire la république de Tchétchénie et d'augmenter les emplois", a-t-il déclaré devant le Parlement avant le vote de l'Assemblée. Il exige le contrôle entier du secteur pétrolier jusqu'à présent sous contrôle fédéral. La petite République du Nord-Caucase affiche officiellement un taux de chômage de 80 %, le plus fort de toute la Fédération de Russie. Elle a été détruite par une première guerre qui l'a opposée à l'armée russe en 1994-1996, puis par un second conflit lancé par Moscou en mai 1999 pour écraser la rébellion indépendantiste.
Aujourd'hui, Moscou affirme que la situation se stabilise en Tchétchénie, malgré la poursuite de violences ponctuelles entre les forces loyales à la Russie et les rebelles. Pour M. Poutine, la nomination de son favori contient la promesse d'un calme relatif jusqu'à la fin de son mandat, en mars 2008. "Il est essentiel de parler des crimes commis dans le passé et de les clarifier", a averti, le 27 février, Thomas Hammarberg, commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, devant des responsables gouvernementaux tchétchènes prorusses. Il se rendait à une conférence des ONG à Grozny, boycottée par les principales organisations russes et internationales.
USAGE DE LA TORTURE
"Beaucoup de gens sont venus me parler de proches qui avaient disparu. Ils ne savent pas où ils sont passés, (...) s'ils sont vivants ou morts", a relevé M. Hammarberg. Il a surtout dénoncé lors d'une conférence de presse à Moscou, vendredi 2 mars, l'usage de la torture, utilisée de façon systématique en Tchétchénie lors des interrogatoires, précisant qu'il était fait usage "non seulement de mauvais traitements", mais aussi, dans certains cas, de "tortures électriques".
Les organisations de défense des droits de l'homme exigent des autorités russes qu'elles ouvrent des enquêtes sur les milliers de disparitions. Elles rappellent que la nomination de M. Kadyrov ne doit pas faire l'impasse d'une solution politique.
Madeleine Vatel
Article paru dans l'édition du 04.03.07