Tentée par l’aventure provinciale me voilà ce samedi, 11h am, dans le train en direction de Piégros la Clastres dit Peligro pour les intimes. Tout le monde a entendu parlé de Peligro mais qui a osé s’y aventurer ???
Munie de mon courage légendaire
et continuant le « Aujourd’hui, j’ai tenté pour vous… », je pars somme toute un peu angoissée
vers la Drôme, ce département qui nous semble tant inaccessible.
L’aventure commence dans le train (la SNCF étant c’est bien connu un haut lieu de divertissement) où j’arrive à dégoter une place de dernière minute pour la dite destination. Malheureusement il existe des voitures non fumeurs, il subsiste des voitures fumeurs mais on n’a pas encore inventé la voiture sans enfant ! Et là c’est le drame… Ryan
a dans les 2 ans, ne sait dire que non
. On peut d’ailleurs légitimement se demander où il a appris ce NON car sa mère est incapable de prononcer ce mot qui aurait pu sauver l’ambiance de la voiture tout entière ! Je maudis mon MP3 qui lâchement m’a fait faux bon et essaie de mon concentrer sur Amin Maalouf et ses fameuses identités meurtrières
mais c’est peine perdue. Ryan est plus fort, parle plus fort surtout ! Derrière moi ce sont deux pré ados, cette espace assez particulière, que j’écoute forcée quand Ryan me le permet. Les deux présents dans le train
parle donc une langue plus étrange qu’étrangère les yeux rivés sur leur console de jeu portative « moi la j’ai déjà récupéré la vie intergalacticale
» « vas y tu vas battre la « lik » » Et tu veux pas arrêter le son ou me prêter les piles de ta Game boy pour mon MP3 ??? Là le grand-père de Ryan, complètement démunis, tente l’impensable : offrir à manger au petit ange. Mais que n’avait-il pas fait là, l’enfant est maintenant bruyant et sale !
Encore 20mn. Je me raisonne et me répète inlassablement ou plutôt complètement lassée « tu ne tueras point… » (Hein Nat
?!). 10mn. « Il est fatigué » lance la mère à tout hasard. Mais laisse moi te l’endormir,
pour longtemps même ! Valence. Je suis sauvée. L’enfant est parti, mais au moment de descendre du train, je suis prise d’angoisses
, où vais-je tomber
? Est-il encore temps de faire demi tour ? Mais non ! Je vais rejoindre ma voisine, ma pacsée, mon alliée de toujours face à l’adversité AHienne (Mais frappe le Mel !), non je n’ai plus peur ! Et c’est avec plaisir que je retrouve Crystèle.
Le programme est chargé ce WE, c’est en effet la foire annuelle aux boudins
(preuves à l’appui…) ce dimanche même de ma venue, quelle chance !
Sur la route nous découvrons de quoi assouvir notre curiosité du samedi : la fête de la laine à Crest, un village voisin !
Arrivée à Peligro, enfin ! Raoul nous attend, il a rangé ses pelles, la neige ayant fondu d’elle-même ces derniers jours, moi qui étais venue aider les sinistrés de la neige péligrosiens, c’est raté !
A partir de ce moment précis, nous devons faire un choix : la fête de la laine ou la confection du boudin. i.e. ils en sont à la phase : je souffle dans les boyaux vides pour voir s’ils ne sont percés. Ce sera donc fête de la laine ou plutôt une expo de choses… Nous feignons d’être grandement intéressées, de comprendre les subtilités de cet art abstrait, de percer les mystères de cette beauté que nous ne percevons pas. Mais pas assez esthètes nous partons voir les moutons (qui d’ailleurs n’ont jamais demandé les pauvres à ce que leur laine soit transformée de la sorte…) Le hic : un manège accueille des… enfants
, et oui encore ! je ne me suis pas encore remise de mon expérience « Paris-Valence : 2h avec Ryan » Nous prenons donc très rapidement une photo quand le manègerien lance joyeusement « Vous êtes prêts pour le pompon ? » Les enfants crient, hurlent, une catastrophe…Mais lui de lancer à nouveau « j’ai rien entendu, vous êtes prêts ? »
Nous nous enfuyons donc lâchement sans prendre la photo du lama…
Retour à Peligro, petit havre de paix, en effet partout on sent la présence des enfants mais ils sont absents ce WE ! C’est autour de la table familiale que je retrouve Crystèle, la vraie, celle qu’on aime. Son père tentant de lui prendre son verre de Muscat non vide avec un « t’as fini ? » « Naaaan ! »
rétorque-t-elle avec toute la virulence que vous lui connaissez ! J’adore !
Mais là un autre pseudo drame se profile. Partant d’un bon sentiment j’ouvre la bouteille de vin que me tend Raoul, facile ! Mais lui de prétendre « Ah ! tu es bonne à marier ! » à moi ! Mél ! On ne va pas s’entendre là Raoul ! Résolution : ne plus rien faire du WE, il faut pas exagérer quand même !
Tant d’émotions… On a bien mérité notre nuit de sommeil avant la grande fête de demain !
Le lendemain c’est une mission bien délicate que l’on nous confie : ramener 5m de boudin et pas moins. Mission délicate certes mais acceptée avec comme objectif caché de faire un reportage photos (et oui toujours !) digne des journaux télévisés de Jean-Pierre Pernault ! Nous voilà donc parties à « Peligro downtown » à 100m de la maison. La courageuse maman de Crystèle est là depuis 5h du matin, je la prends donc en photo telle une star
vendant des mètres et des mètres de boudin fumant tout juste sortis du chaudron ! Un peu VIP on m’autorise même à passer de l’autre côté du stand afin d’admirer à loisir le chaudron et le boudin en train de cuire et à prendre toutes les photos que je veux !
C’est là que je découvre l’homme de ma vie, celui dont plus tard j’apprendrai le prénom : Armand. Avec son collier de barbe blanche et son bonnet de laine épaisse, il ressemble à un lutin
. C’est lui qui a la lourde responsabilité de plonger le boudin dans l’eau chaude du chaudron. Complètement déstabilisée, j’ai quand même la présence d’esprit de le prendre en photo avec un « on sourit » et il sourit, je fonds…
Je sens le romantisme montait en moi : En arriverais je presque à oublier toutes mes idées reçues sur le mariage ? A vouloir fêter cette journée capitaliste tant incomprise qu’est la Saint Valentin
? Ma raison reprend le dessus, même si j’hésite longuement à lui demander son email ou son numéro de portable…
On nous propose de goûter le boudin, il est 10h on décline l’offre et repartons nos 5m de boudin sous le bras autour du cou, près à courir si un chien venait à nous flairer
! Déjeuner, toute la famille est là pour déguster le boudin, la population augmente de 32% à Peligro le jour de la foire aux boudins, le record de l’année !
Mais il est déjà tant pour moi de partir et de rejoindre la capitale, une bouteille de Clairette de Die à la main
, tentative de notre médiateur Crystèle pour rétablir la solidarité AHienne de Paris !
Un retour en train bien moins mouvementé, des piles achetés à la gare : 5,50€, la tranquillité est à ce prix !
Voilà ce fût un WE des plus dépaysants que je conseille à tous, un accueil chaleureux, des activités originales et la découverte d’une culture locale et des spécialités régionales ! A voir assurément !